la Benoîte urbaine,
carnets de nature en ville

le Pin laricio, ambianceur méridional
le Pin laricio, ambianceur méridional
En écrivant le début du "Cimetière marin" Paul Valéry pensait-t-il vraiment au cimetière de Sète?
"Ce toit tranquille où marchent les colombes/ Entre les pins palpite, entre les tombes".
Une fois sur place à Sète on s'aperçoit qu'il n'y a pas de pins dans le cimetière, mais quelques cyprès seulement, et dans l'ensemble un décor très minéral, aveuglant, d'une blancheur de tragédie grecque. La scène naturelle et magique qui inaugure le poème : en clair, la mer très bleue légèrement moutonnante (telle qu'elle est au lendemain d'un épisode orageux), toile - ou toit - de fond indigo découpée en patchs par les troncs des pins dont les aiguilles à la fois capturent la lumière et la filtrent, cette révélation du paysage méditerranéen aussi mythique que vivant, enthousiasmant de beauté, c'est en Corse que je l'ai vécue. Plus exactement à Pozzo, dans le Cap corse, sur le chemin en corniche à la sortie du village quand on longe, côté mer, le parc de l'ancien couvent. Pozzo, hameau de la commune de Brando, village natal du père de Paul Valéry ...
Les pins plantés à Pozzo ne sont pas des Pins laricio, mais des Pinus pinea, des pins parasol, essence ornementale par excellence. Mais à Paris, un jour de beau temps, au Parc floral ou dans le Jardin d'agronomie tropicale tout proche, ces zones du bois de Vincennes reboisées par Adolphe Alphand et ses successeurs, les fûts clairs surmontés par un ciel bleu des Pins laricio (essence endémique de Corse acclimatée en divers lieux du continent ), vous rendent tout d'un coup la sensation du Midi. Il suffit de lever la tête, et vous vous retrouvez à fredonner la ritournelle : "Méditerranée, c'est une fée qui t'a donné ton décor et ta beauté, ton ciel enchanté ..."