la Benoîte urbaine,
carnets de nature en ville

En ville il y a plein de plantes autour de vous dès que vous mettez le nez dehors. Clématite, mauve, millepertuis, géranium herbe à Robert, houblon, sureau noir et autres espèces sauvages s'installent dès qu'elle ont une petite place. On recense aujourd'hui à Paris environ 1 200 espèces végétales sauvages, qu'elles soient natives, naturalisées, ou arrivées récemment. La ville végétalisée c'est aussi une multitude d'espèces horticoles plantées dont la plupart sont exotiques et dont beaucoup sont des essences d'arbres. Plutôt que d'opposer ces deux mondes au nom du naturalisme ou au contraire de l'art des jardins, il peut être intéressant de les observer ensemble. Découvrir que telle espèce sauvage et telle espèce ornementale sont apparentées entre elles, s'interroger sur les différences entre fleurs locales et floraisons venues d'ailleurs, observer les interactions avec les insectes, cela permet de prendre conscience des catégories que nous plaquons sur la nature vivante, et de la manière dont elle s'en fiche totalement.
Dans ce blog vous trouverez des articles sur les espèces qu'on rencontre en ville, les lieux insolites et inspirants où on peut en voir en se promenant, et les bonnes et les moins bonnes nouvelles de la biodiversité urbaine. Vous trouverez aussi mes partages sur nos émotions, nos goûts, nos perceptions associées aux plantes et l'histoire de nos relations humaines avec le végétal, bref sur les plantes en tant qu'elles sont aussi des objets culturels.
le Pin laricio, ambianceur méridional

le Pin laricio, ambianceur méridional

le Pin laricio, ambianceur méridional

En écrivant le début du "Cimetière marin" Paul Valéry pensait-t-il vraiment au cimetière de Sète? 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes/ Entre les pins palpite, entre les tombes". 

Une fois sur place à Sète on s'aperçoit qu'il n'y a pas de pins dans le cimetière, mais quelques cyprès seulement, et dans l'ensemble  un décor très minéral, aveuglant, d'une blancheur de tragédie grecque. La scène naturelle et magique qui inaugure le poème : en clair,  la mer très bleue légèrement moutonnante (telle qu'elle est au lendemain d'un épisode orageux), toile - ou toit - de fond indigo découpée en patchs par les troncs des pins dont les aiguilles à la fois capturent la lumière et la filtrent, cette révélation du paysage méditerranéen aussi mythique que vivant, enthousiasmant de beauté, c'est en Corse que je l'ai vécue. Plus exactement à Pozzo, dans le Cap corse, sur le chemin en corniche à la sortie du village quand on longe, côté mer, le parc de l'ancien couvent. Pozzo, hameau de la commune de Brando, village natal du père de Paul Valéry ...

Les pins plantés à Pozzo ne sont pas des Pins laricio, mais des Pinus pinea, des pins parasol, essence ornementale par excellence. Mais à Paris, un jour de beau temps, au Parc floral ou dans le Jardin d'agronomie tropicale tout proche, ces zones du bois de Vincennes reboisées par Adolphe Alphand et ses successeurs,  les fûts clairs surmontés par un ciel bleu des Pins laricio (essence endémique de Corse acclimatée en divers lieux du continent ), vous rendent tout d'un coup la sensation du Midi. Il suffit de lever la tête, et vous vous retrouvez à fredonner la ritournelle : "Méditerranée, c'est une fée qui t'a donné ton décor et ta beauté, ton ciel enchanté ..."

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